Genève, Bibliothèque de Genève, Ms. fr. 1/1
Titre du manuscrit: Bible Historiale, de . (1251- c. 1312-1322)
Origine: Atelier parisien (voir Décoration)
Période: 1400-1450 puis XVIᵉ-XVIIᵉ siècle
Support: Vélin
Volume:
216 folios + (I) garde postérieure
Format: 427 x 310 mm.
Numérotation des pages: Foliotation moderne en chiffres arabes au crayon gris.
Composition des cahiers:
27 quaternions (f. 1-8v ; 9-16v ; 17-24v ; 25-32v ; 33-40v ; 41-48v ; 49-56v ; 57-64v ; 65-72v ; 73-80v ; 81-88v ; 89-96v ; 97-104v ; 105-112v ; 113-120v ; 121-128v ; 129-136v ; 137-144v ; 145-152v ; 153-160v ; 161-168v ; 169-176v ; 177-184v ; 185-192v ; 193-200v ; 201-208v ; 209-216v). Réclames.
Etat: bon
Mise en page:
Encadrement - 2 colonnes - Cadre de justification : 285/287 x 195 mm (90 mm par colonne) - Piqûres - 47 lignes par pages pour les colonnes standard, c’est-à-dire sans vignette historiées - Réglure à l’encre noire.
Type d'écritures et copistes:
Décoration:
- La décoration a été exécutée en deux temps. Les lettrines et bordures ont d’abord été ornées puis les miniatures ont été exécutées par l’artiste ou les artistes appartenant au style du Maître de Bedford.
- Certaines de ces miniatures sont restées inachevées et ont été peintes entre la fin du XVIᵉ et le XVIIᵉ s. Selon Hippolyte Aubert, Paul ou Alexandre Petau aurait fait compléter le manuscrit par un enlumineur qui a imité la façon de faire des enlumineurs du XVᵉ siècle. Il s’agit des enluminures se trouvant aux f. 8, 36, 55, 62v et 77 et celles placées après le f. 159v.
- 45 miniatures de la largeur d’une colonne
- Rubriques
- Lettres filigranées
- Lettres champiées
- Lettres fleuries
- Cadelures (certaines représentent des têtes humaines, par ex. f. 145, 199, 200)
- Bordures décorées de rinceaux, de palmes et de feuilles de vignes enluminées
- Iconographie des 45 miniatures :
f. 2v : Petrus Comestor (Pierre le Mangeur), agenouillé, offre son ouvrage à l’archevêque de Sens f. 3 : Dieu crée le monde f. 3v : Dieu sépare l’eau du ciel f. 4 : Dieu crée les arbres et la verdure f. 4v : Dieu crée le jour et la nuit f. 5 : Dieu crée les poissons f. 5v : Dieu crée l’homme f. 7 : Dieu crée le jardin d’Eden où il place l’homme f. 7v : Dieu crée Eve f. 8 : Eve partage la pomme avec Adam f. 9 : Adam et Eve chassées du Paradis f. 9v : Abel et Caïn font des offrandes à Dieu f. 10 : Caïn tue Abel f. 12 : Dieu enjoint Noé à construire l’arche f. 15v : Abraham et Sarah f. 22 : Accouchement de Rébecca f. 24 : Jacob endormi a un songe f. 28 : Joseph vendu par ses frères et mené en Egypte f. 36 : des hommes déposent le corps de Jacob dans un sarcophage f. 55 : Dieu interpelle Moïse f. 62v : Dieu, Moïse, Aaron et les Hébreux f. 77 : Moïse dénombre les Hébreux f. 88v : Josué et les Hébreux f. 94 : combat de Judas f. 101 : sanctuaire privé de Micah f. 102v : la rencontre de Ruth et Booz f. 104 : Anne et Elqana en prière f. 115 : David, assis sur son trône, s’entretient avec un paysan agenouillé à ses pieds. f. 125 : David se fait couronner par des évêques f. 140 : un char de feu tiré par un cheval emporte Elie devant Elisée f. 155 : Job, Dieu et le démon f. 156 : l’archange Raphaël et les deux Tobie, le père et le fils f. 159v : Nabuchodonosor f. 168v : Judith, revêtue d’une toilette de fête, sort de Béthulie et se rend escortée au camp ennemi d’Holopherne f. 175 : festin d’Assuérus f. 178 : deux eunuques sont pendus après avoir comploté contre le roi Assuérus f. 178v : le vizir Aman pendu à une potence f. 179 : Esther implore Assuérus d’épargner les Juifs f. 179 : les fils d’Aman pendus aux branches d’arbres. f. 182 : début des paraboles de Salomon : personnage écrivant f. 190v : début du livre Ecclésiaste : personnage écrivant f. 193v : début du livre le Cantique des Cantiques : époux et épouse f. 195 : début du livre de Sapiance (Sagesse) : un personnage, assis à un pupitre, accueille deux hommes f. 200v : début du livre Ecclésiastique : un personnage assis devant son pupitre consulte un livre
Ajouts:
Sur le contre-plat supérieur, 3 annotations : la première, s’étendant sur une ligne, est illisible suite à une rognure exécutée pour que le manuscrit s’emboîte dans sa nouvelle reliure.
La seconde s’étend également sur une ligne : « Nota qu’il y a 276 ans que ceste bible est escripte jusque en l’an 1570 ans » . Elle date apparemment du XVIᵉ s.
La troisième annotation, du XVIIIᵉ s., écrite à l’encre noire, est lisible à la lampe de Wood : « Le vrai titre de ce Mfr. est la Bible ystoriaus ou les ystoires escolatres. Il peut être du XIVᵉ s. et porte dans le prologue le nom de Guyart Des Moulins, chanoine de S. Pierre le Pertuis [lecture douteuse] suivant quelques auteurs, qui a traduit toute la bible en français mais ce n’est que la traduction de l’ouvrage latin de Pierre Comestor que celui-ci acheva l’an 1297. Il se designe sous le nom de Pierre doyen de Trie, a Trie en Tule [« a Trie en Tule » écrit au-dessus de mots biffés]. Paroit être un ancien nom de la ville de Troye en Champagne [« où » biffé] l’on sait qu’il fut doyen –Escolatre est un titre de dignité dans les Chapitres ».
Sur le contre-plat inférieur, étiquette imprimée Bibliothèque de Genève, Mss. Inventaire 9 et, en dessous, au crayon gris, Inv. 9.
La seconde s’étend également sur une ligne : « Nota qu’il y a 276 ans que ceste bible est escripte jusque en l’an 1570 ans » . Elle date apparemment du XVIᵉ s.
La troisième annotation, du XVIIIᵉ s., écrite à l’encre noire, est lisible à la lampe de Wood : « Le vrai titre de ce Mfr. est la Bible ystoriaus ou les ystoires escolatres. Il peut être du XIVᵉ s. et porte dans le prologue le nom de Guyart Des Moulins, chanoine de S. Pierre le Pertuis [lecture douteuse] suivant quelques auteurs, qui a traduit toute la bible en français mais ce n’est que la traduction de l’ouvrage latin de Pierre Comestor que celui-ci acheva l’an 1297. Il se designe sous le nom de Pierre doyen de Trie, a Trie en Tule [« a Trie en Tule » écrit au-dessus de mots biffés]. Paroit être un ancien nom de la ville de Troye en Champagne [« où » biffé] l’on sait qu’il fut doyen –Escolatre est un titre de dignité dans les Chapitres ».
Sur le contre-plat inférieur, étiquette imprimée Bibliothèque de Genève, Mss. Inventaire 9 et, en dessous, au crayon gris, Inv. 9.
Sommaire:
- f. 1-1v : prologue.
- Incipit.- (f. 1) Pour ce que le deable qui chacun jour empesche, destourbe et enordist les cuers des hommes par oiseuse et par mil las qu'il a tendus pour nous prendre, entré en noz cuers, comme celui qui oncques ne cesse de guetter comment il nous puisse mener a pechié pour noz ames traire en son puant enfer avecques lui …
- f. 1v-2v : table des livres de la Genèse
- f. 2v : dédicace
- f. 3-35 : Genèse
- f. 35v-36 : table des livres de l’Exode
- f. 36-54v : Exode
- f. 54v-55 : table des livres de Lévitique
- f. 55-62v : Lévitique
- f. 62v : table du Livre des Nombres
- f. 63-77 : Nombres
- f. 77-88v : table du livre Deutéronome
- f. 88v : table du livre de Josué
- f. 88v-94 : Josué
- f. 94 : table du livre des Juges
- f. 94-101 : Juges
- f. 101-102v : Michée
- f. 102v-104 : Ruth
- f. 104 : table du livre des Rois
- f. 104-115 : premier livre des Rois
- f. 115-124v : second livre des Rois
- f. 124v-139v : troisième livre des Rois.
- f. 139v-155 : quatrième livre des Rois.
- f. 155-156 : Job
- f. 156-15 : Tobie
- f. 159-16 : Jérémie
- f. 168-175 : Judith
- f. 175-182 : Esther
- f. 182-190v : Salomon
- f. 190v-193v : Ecclésiaste
- f. 193v-195 : Cantique des Cantiques
- f. 195-200v : Sapience.
- [Erreur dans la rubrication au f. 200v. Le scribe a écrit: « Ci fine le livre de ecclesiastique » alors qu’il aurait dû écrire « Ci fine le livre de sapience »]
- f. 200v-215r : Ecclésiastique.
- f. 215v-216 : blanc
- Le texte de l’Ecclésiastique s’arrête au recto du f. 215. Le scribe a laissé les f. 215v, 216r et 216v en blanc, excepté le bas du f. 216v où les deux dernières lignes de la deuxième colonne ont été rubriquées: >Ci fine le livre de ecclesiasticus. Et commance le livre de Ysaie le prophete.<
-
Filiation:
- Cette Bible Historiale ne formait-elle à l’origine qu’un seul volume ? Les exemplaires de la Bible Historiale sont souvent constitués de deux volumes. La Bibliothèque de Genève conserve deux autres exemplaires de Bible Historiale parmi lesquels figure cependant un exemplaire en 1 volume (Ms. fr. 2).
- La Bible Historiale Ms. fr. 1 a reçu une nouvelle reliure en deux volumes aux armes d’Alexandre Petau au XVIIᵉ s. On ignore sous quelle forme elle se présentait auparavant. Alexandre Petau a fait relier certaines œuvres de sa bibliothèque en deux volumes alors qu’elles ne formaient à l’origine qu’un seul volume comme, par exemple, un exemplaire Des cas des nobles hommes et femmes de Jean Boccace (BGE, Ms. fr. 190/1 et 190/2) ou encore des lettre de saint Ambroise et des commentaires sur les épîtres de saint Paul par saint Jérôme (BGE Ms. lat 14 et Ms. lat. 17).
- Certains indices confirmeraient cette hypothèse. A la fin du premier volume, on trouve au folio 200, le chiffre 200, d’une écriture ancienne à l’encre noire. Dans le second volume, on trouve au f. 84, le chiffre 300 écrit de la même main. Or, si on additionne les 216 folios du premier volume et les 84 folios du suivant, on obtient bien le chiffre 300. Enfin, à la fin du second volume, sur le contre-plat, on peut lire, toujours de la même main, à l’encre noire, 430 fueilletz entiers.
- Cependant, la disposition du texte à la fin du premier volume infirme cette hypothèse. Le scribe achève l’écriture du texte de l’Ecclésiastique au milieu de la première colonne du f. 215, laissant vierges les derniers folios du cahier, excepté la rubrique au bas du folio 216v, pour reprendre la suite du texte, le livre d’Esaïe, au second volume. Cette disposition ne se trouve nulle part ailleurs dans le manuscrit, les livres se suivant sans aucun intervalle. Cette coupure signifierait que le scribe avait bien l’intention de diviser le texte en deux volumes.
Origine du manuscrit:
- La Bible Historiale est une traduction libre de la Bible, en prose et en français, à partir de la Vulgate et l'Historia Scholastica (vers 1175) de (Pierre le Mangeur), professeur et chancelier des écoles de Paris entre 1168 et 1178.
- Prêtre et chanoine (avant 1295), puis doyen (1ᵉʳ octobre 1297) de Saint-Pierre à Aire-sur-la-Lys dans le diocèse de Thérouanne en Artois, transposa la Bible en langue picarde dans les années 1291-1295. Il ne traduisit pas intégralement la Bible, mais mélangea d'une part Ecriture et apocryphes et d'autre part histoire et gloses.
- Guyart reprit son oeuvre à la demande d’un anonyme vers 1297. Il ajouta quelques livres supplémentaires au texte primitif ainsi qu’une préface justifiant son travail.
- La Bible Historiale fut transformée au début du XIVᵉ siècle. Elle se compose le plus souvent en deux volumes, le premier comportant le texte de et le second le volume II de la Bible du XIIIᵉ siècle. En effet, le second volume de la Bible du XIIIᵉ siècle comptait plusieurs livres bibliques absents de l’œuvre de Guyart : les Psaumes, les livres sapientaux et prophétiques, les Evangiles, les épîtres pauliniennes et l’Apocalypse. Les deux textes réunis sont désignés sous le terme de Bible Historiale Complétée.
- On distingue trois types de Bible Historiale Complétée suivant leur contenu : une Petite (Petite B.H.C.), une Moyenne (B.H.C. Moyenne) et une Grande (Grande B.H.C.)
- Genève conserve trois exemplaires de Bible Historiale Complétée. Le Ms. fr. 1 est une Petite Bible Historiale Complétée. Celle-ci contient un certain nombre de textes supplémentaires mais il lui manque encore les Paralipomènes (Chroniques), les livres d’Esdras et de Néhémie et le Grand Job.
Provenance du manuscrit:
- Collection Petau (n°181)
- Ami Lullin (1720)
- Bibliothèque de Genève
Edition ancienne (référence électronique) :
- Éléonore Fournie , « Les éditions de la Bible historiale. Présentation et catalogue raisonné d’éditions de la première moitié du XVIᵉ siècle », L'Atelier du Centre de recherches historiques, 03.2 | 2009, [En ligne], mis en ligne le 30 décembre 2009. URL : http://acrh.revues.org/index1832.html ; DOI : 10.4000/acrh.1832. Consulté le 17 février 2012.
- Eléonore Fournié recense 27 éditions de la Bible historiale entre 1498 et 1545. La plus ancienne est sortie de l’atelier parisien d’Antoine Vérard.
Bibliographie du manuscrit :
- Hippolyte Aubert, Notices sur les manuscrits Petau, Paris, 1911, p. 56-61.
- Samuel Berger, La Bible française au Moyen Âge. Étude sur les plus anciennes versions de la Bible écrites en langue d'oïl, Paris, Imprimerie nationale, 1884, repr. Genève, Slatkine, 1967, p. 214 et 426.
- Pierre-Maurice Bogaert, « La Bible française au Moyen Âge. Des premières traductions aux débuts de l'imprimerie », Pierre-Maurice Bogaert, Christian Cannuyer, eds., Les Bibles en français: histoire illustrée du Moyen Âge à nos jours, Turnhout, Brepols, 1991, p. 252, n. 92.
- Catalogue des manuscrits datés en Suisse en écriture latine du début du Moyen Age jusqu’en 1550. Tome II : Les manuscrits des bibliothèques de Berne-Porrentruy. Texte établi par Beat Matthias von Scarpatetti. Zurich, 1983, n°573.
- Éléonore Fournié, « Les manuscrits de la Bible historiale. Présentation et catalogue raisonné d'une oeuvre médiéval e», L'Atelier du Centre de recherches historiques, nr 27, 03.2 | 2009, [En ligne], mis en ligne le 01 janvier 2010. URL : http://acrh.revues.org/index1408.html ; DOI : 10.4000/acrh.1408. Consulté le 20 février 2012.
- Bernard Gagnebin, L'enluminure de Charlemagne à François Ier, Genève, 1976, p. 94-96.
- Bénédicte Michel-Perrault, « Les sources scripturaires d'une Bible vernaculaire au Moyen Âge : L'exemple de la “Bible historiale” », Marie-Christine Gomez-Géraud, ed., Biblia: les Bibles en latin au temps des Réformes, Paris, Presses Paris Sorbonne, 2008, p. 38.
- Jean Senebier, Catalogue raisonné des manuscrits, Genève, 1779, p. 293-300.
- Notices IRHT (déposées au département des manuscrits de la BGE).
Bibliographie générale :
- Pierre-Maurice Bogaert, « Adaptations et versions de la Bible en prose (langue d’oïl) » dans Les genres littéraires dans les sources théologiques et philosophiques médiévales, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 259-277
- Pierre-Maurice Bogaert, « Bible française », dans Dictionnaire des lettres françaises: Le Moyen Age, La Pochotèque, 1992, p. 179-196.
- Rosemarie Potz Mc Gerr, « Guyart Desmoulin, the vernacular Master of Histories, and his Bible Historiale » dans Viator, t. 14 (1983), p. 211-244.