Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 116
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Vielliard Françoise, Manuscrits Français du Moyen Âge, Cologny-Genève, 1975, pp. 72-75.

Titre du manuscrit: Prophecies de Merlin, en prose
Période: Début du XIVe siècle.
Support: Parchemin.
Volume: I + 205 + I feuillets.
Format: 320 x 215 mm.
Numérotation des pages: Foliotation récente au crayon.
Composition des cahiers: Cahiers: 1-212, 3-188, 194, 20-258, 261 à réclames.
Etat: Deux feuillets de garde en parchemin ancien retaillé au moment de la réfection de la reliure.
Mise en page: Justification: env. 215 x 165 mm. Texte sur deux colonnes; 40 lignes par colonne. Réglure à la pointe sèche (parfois renforcée à la mine de plomb ou à l'encre).
Type d'écritures et copistes: Ecriture gothique. Une seule main.
Décoration:
  • Titres rubriqués.
  • Initiales (2 lignes) d'or sur fond bleu et rouge à filets blancs.
  • Une peinture (165 x 90 mm) au fol. 1 et 12 peintures (voir localisation dans la notice du texte; 75 mm x hauteur variable) sur fond d'or;
  • les feuillets qui portent ces peintures sont en outre ornés de bordures bleues et rouges rehaussées d'or, supportant des personnages et des animaux.
Ajouts: Notes: au fol. 92 (écriture cursive XIVᵉ) : Jeha delgrange, Jehan delgrange.
Au fol. 173 (écriture gothique XIVᵉ) : Veischi Jehan de Markes, ki me doit XX l. par., de chou est pleges Jehane se fille.
Au fol. 205v° : Loyaulté pase tout. (Ecriture XVᵉ siècle).
Reliure: Reliure du XXᵉ siècle en peau sur ais de bois avec fermoir.
Sommaire:
  • Ff. 1a-205d Prophecies de Merlin, en prose Ce manuscrit fait partie du groupe 1 dans le classement proposé par Lucy A. Paton; il est d'après elle (op. cit., p. 9) « our most valuable French manuscript, being not merely the single perfect exemplar of its group, but also in certain parts unique », mais elle n'a pu l'utiliser complètement pour son édition. Le prologue et le début du texte diffèrent du début du texte de l'édition Paton et sont plus développés: le manuscrit Bodmer retrouve le texte de l'édition Paton au fol. 2a (à la fin du § I, p. 58 : « Et lors dist Merlin a mestre Antoine »).
    • Prologue fol. 1ra Au Pere et au Fil et au saint Sperit et a Madame sainte Marie ki porta Nostre Seignor Jhesu Crist proi et requier, jou pechieres, ke il ne doinsent sens et memoire, science et entendement par quoi je puisse ceste oevre ke jou ai encommenchié traitier et mener a fin en tel maniere ke çou soit a l'ounor de Nostre Seignour Jhesu Crist et de Madame sainte Marie et au pourfit de m'ame et au pourfit de tous chiaus et de toutes celes ki chest livre oront, par quoi il puiscent prendre es paroles ke il i oront et trouveront tex choses ke ce soit a l'ounor de Nostre Seignor et au profit de lor ames,fol. 1rb Seignor, vous avés bien oi aucunes fois dire comment Luchiabiaus, ki angles estoit, s'enorgeilli enviers Nostre Seignour Jhesu Crist et vaut estre sires deseure lui. Dont Nostre Sires trebuça lui et tous chiaus ki a sa partie se tinrent hors de paradis jusques el puis d'ynfer. Et quant les i ot trebuchiés, il furent mout dolant et mout courouciet et misent toute lor paine et lor estude a dechevoir les hommes et les femmes; dont tout cil et toutes celes ki de cest siecle trespassoient anschois ke Nostre Sires venist en terre et ke il receust le mort pour peceours racater, si vil et si despite com de metre et traveillier en la sainte Crois …–… fol. 1d Et apriés le trespassement de Blaisse son maistre, commencha a repairier entor lui uns clers de grant science pour aprendre de Mierlin. Et mout mist des coses ke Mierlins li dist en escrit, ke il trouva puis a voires, et maint autre les ont puis trouvees a voires. Et avoit cil clers a non maistre Antoine, et repairoient en une cambre u il estoient priveement, et metoit maistre Antoine en escrit çou ke Mierlins li disoit ensi com vous porés oïr en cest livre.
    • Texte fol. 1d En ceste partie dist li contes li contes [sic] ke une damoisele avoit el roiame de Gales, mout sage et mout cortoise, biele et cointe outre mesure, et estoit fille d'un rice conte de parage. Ele n'avoit onques amé par amors, mais quant ele ot oï conter des prophesies Mierlin, de son sens et de ses oevres, ele dist a soi meismes ke puis ke il est li plus sages hom del monde, ele ne poroit son cors miex emploier ke en lui. Si se pourpensa ke se ele aloit a lui souventes fois, aucune chose ki porfitable seroit aprenderoit ele de lui. Et Merlins s'estoit un jour mis en la cambre avoec maistre Antoine u il avoit mout regardé et estudiiet pour savoir a combien devoit finer Yrlande. Et lors dist (fol. 2a) a maistre Antoine (cf. op. cit., p. 58) ke il mete en son escript ke il avra .1. apostoile a Roume ki sera nes en un chastel desous l'ille d'Yrlande. Cil apostoiles sera au tans ke li dragons de Babyloine naistra, il se partira de Roume pour le paor dou dragon de Babyloine; si ne vaurra plus estre gouverneors de cele cose ki jadis nasqui es parties de Jherusalem, ains se metra en une ille ki tout nouvielement sera veue; desor lui sera fais uns hermitages juskes a tant que uns des menistres dou dragon le fera noier en mer
      Rubriques accompagnant les illustrations:
      • fol. 13a C'est chi endroit si ke Mierlins parole as trois menistres l'apostoile en le cambre maistre Antoine; si estoient cil menistre aus com cardonnal; et si ke troi vallet vinrent en le cambre et aportoit cascuns une coupe d'or en sa main ke Mierlins leur avoit donné, et estoit maistre Antoine avoec Mielin.
      • fol. 30a C'est chi si com la dame dou lac engigna Mierlin, si le fist coucier en le tombe por savoir se ele estoit assés grande pour iaus deus, et quant il fu couchiés, si abati le couvercle sor lui et firma si par encantement que ele ne fu puis ouviete.
      • fol. 53c C'est chi endroit si com li anemis ki estoit en une piece enserrés emporta le sage clerc ki monta sour le piere pour veoir la tombe u Mierlins estoit enserrés en la montaigne ki debatoit.
      • fol. 69c C'est uns tournoiemens ke li haus princes Galehous, li sires des lontaines illes, fist faire.
      • fol. 91d C'est chi com Sebile l'encanteresse bati Morgain le fee et le traina parmi la sale parmi les treces.
      • fol. 107a C'est si com la marastre la fille au roi de la cité fort vaut enhierber Segurant le brun et k'ele li envoia, la u il seoit au mangier, .I. paon rosti envenimé par un mauz, et la damoisiele ki siervoit devant lui le rua contre terre et .I. kiens le manja, si en moru erraument.
      • fol. 123c C'est chi com Pierchevaux li galois vint en .I. hermitage et li hermites li donna .I. livre des prophesies Mierlin ke Mierlins li avoit doné.
      • fol. 130a Si com Segurans li bruns se combat a.
      • fol. 149d C'est si com li rois Richars et sa gens mist le fu en une cité ki ot non Oberice.
      • fol. 162a Ch'est chi endroit si com une damoisiele isci hors d'une barge ki estoit arrivee devant le palais le roi Artu et s'en isci par une eskiele, et grans plentés de gens le regardoient.
      • fol. 176d Chi endroit parole il dou cler ki s'en ala avoec le roi Claudas a la court l'apostoile.
      • fol. 185c C'est chi ensi comment li sages clers parole a Melyadus et com il l'envoie en la roche la u Mierlins estoit ensierés.
      fol. 205c De l'autre part, li sages clers ki remest en Gales quant Melyadus, li amis a la dame del lac, se parti d'Illuec, prist le livre de Mierlin en sa main et commencha dedens a lire; dont il trouva dedens escrit ke de Barcelune istra uns mauvais hoirs au tans quant la cose ki jadis nasqui es parties de Jherusalem avra .M.CC.II. ans. Dont il metra celui païs a martire; il commencera la guerre encontre ses voisins, dont il en seront oci plus de la moitié ke d'espees ke de glaives ke de grans coutiaus agus ke de haces. Et se savoir volés, çou dist Mierlins, combien de gens en seront ochis, il en sera ochit .C. mil homme et plus assés, sans les mehaigiéns ki seront autretant u plus; li (fol. 205vd)païs sera desyretés et les femes s'enfuiront hors dou païs et cha et la parmi les fories et i feront lor maisons apriés la destruction de Barcelune. Explichit.
Provenance du manuscrit: D'après Lucy Allen Paton (Les Prophecies de Merlin…, t. I, p. 9) ce manuscrit est passé des mains d'un collectionneur anglais entre celles des libraires Maggs Brothers (Catalogue 348, 1916).
Acquisition du manuscrit: Acquis par Martin Bodmer en mai 1957 chez Maggs Brothers.
Bibliographie:
  • Lucy Allen Paton, «Les Prophecies de Merlin», edited from ms 593 in the Bibliothèque municipale of Rennes… (The Modern Language Association of America, Monograph Series, 1), New York, Londres, 1926-1927, t. I, p. 9.
  • Nathalie Koble, «Les Prophesies de Merlin roman en prose du XIIIe siècle. Edition critique et commentaire littéraire», Proposition des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1997 pour obtenir le diplôme d’archiviste paléographe, Paris, Ecole des Chartes, 1997, pp. 193-197.
  • Nathalie Koble, «Muances et polyphonie romanesques : les "Prophesies de Merlin" en prose : étude et texte», Thèse de Doctorat, sous la direction du Professeur Emmanuèle Baumgartner, La Sorbonne Nouvelle, 2003
  • «Les Prophesies de Merlin (Cod. Bodmer 116)», éd. avec une introd., un glossaire et un index des noms par Anne Berthelot, Cologny (Genève), Fondation Martin Bodmer, 1992 (compte rendu de Fr. Vielliard, dans Bulletin du bibliophile, 1993, pp. 168-170).