Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 148
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Vielliard Françoise, Manuscrits Français du Moyen Âge, Cologny-Genève, 1975, pp. 76-78. Avec une analyse des dessins à l’encre aquarellés par Chantal Verchere.

Titre du manuscrit: Sala (Pierre): Tristan
Période: XVIe siècle
Support: Papier in fol. (sans filigrane)
Volume: III + 220 + III feuillets
Format: 340 x 235 mm
Numérotation des pages: Foliotation récente au crayon de 10 en 10. Au début et à la fin, deux des feuillets de garde sont contemporains du manuscrit, le troisième a été ajouté lors de la reliure.
Composition des cahiers:
N° d'ordreFeuilletsCompositionRéclame
11-2211-11traces
223-4411-11sans
345-6410-10traces
465-8410-10»
585-10410-10»
6105-12410-10»
7125-14410-10sans
8145-16410-10traces
9165-18410-10sans
10185-1998-8traces
11200-22010-10sans
Mise en page: Justification : env. 230 x 150 mm. Texte sur une colonne ; entre 25 et 30 lignes par colonne.
Type d'écritures et copistes: Ecriture cursive posée. Une seule main.
Décoration:
  • Initiales en attente. 26 dessins à la plume et à l'aquarelle (env. 135 x 180 mm) dans des encadrements.
  • Analyse des dessins à l'encre aquarellés.

    Pour une présentation et un commentaire plus détaillés, on se reportera à l'introduction de l'édition critique de Chantal Verchere aux éditions Champion (à paraître en 2007).

    N° 1 (f. 1r) : vignette pleine page. L'auteur est assis à sa table de travail, chaussé de ses lunettes. Il écrit de la main droite, plumier et encrier sont disposés devant lui. Le doigt de sa main gauche est pointé vers le paysage qui se dessine dans le cadre d'une ouverture en plein cintre, il semble indiquer la direction du texte à venir.
    N° 2 (f. 3r, début du chapitre I) : vignette haut de page, cadre orné d'arabesques de feuilles d'acanthe sur le haut et sur le bas, en dissymétrie. Tristan quitte Tintagel pour aller a l'esbat, il est désarmé et ne porte que son épée. Yseut lui dit au revoir. Son cheval est prêt, tenu en bride par Governal, dont le vêtement simplifié signale l'appartenance sociale inférieure.
    N° 3 (f. 4v, fin du chapitre I, illustration du chapitre II) : vignette bas de page, cadre non orné. Tristan et Lancelot livrent combat sous les yeux des dames. L'un des combattants, curieusement, tient une épée alors que son adversaire brandit sa lance. Lancelot est désigné par une oriflamme à trois bandes vermeilles, l'écu de Tristan représente un lion d'or sur fond de sinople. (Note: Même remarque pour les images n° 2, 4, 5, 6 etc… Il importe de différencier visuellement les deux amis par leurs oriflammes et leurs écus, mais le texte n'est pas respecté : si l'écu de Lancelot porte bien trois bandes vermeilles, elles sont semées de petitz lions d'argent (f° 4v°), tandis que celui de Tristan est d'asur a bandes d'argent semees de petitz lions de gueulles (f° 5r°).)
    N° 4 (f. 10v, fin du chapitre II, illustration du chapitre III) : vignette bas de page, cadre non orné. Tristan et Lancelot reviennent clandestinement à Tintagel rendre visite à Yseut. Le traître Andret et ses acolytes les guettent au second plan.
    N° 5 (f. 20v, fin du chapitre III, illustration du chapitre IV) : vignette bas de page, cadre orné sur le haut d'une urne et de deux dauphins feuillus. Tristan et Lancelot combattent trois chevaliers d'Arthur - dans le texte, seul Tristan les abat, et ils sont au nombre de quatre -. L'un est déjà à terre, son cheval est au second plan, renversé. La supériorité des deux héros est marquée par l'organisation verticale de l'image.
    N° 6 (f. 25r, début du chapitre V) : vignette haut de page, cadre non orné. Tristan et Lancelot rencontrent un ange dans la forêt. Au second plan, l'ermitage vers l'ange va les guider et où ils vont faire pénitence.
    N° 7 (f. 31r, fin du chapitre V, illustration du chapitre VI) : vignette bas de page, cadre non orné. Lancelot prie devant la chapelle, tandis que l'Ennemy d'enfer, reconnaissable à ses cornes, s'éloigne avec le cheval qu'elle lui a dérobé.
    N° 8 (f. 41r, fin du chapitre VI, illustration du chapitre VII) : vignette bas de page, cadre non orné. Tristan escorte et ramène à son père la demoiselle que des chevaliers avaient l'intention de violenter. Le petit personnage à l'avant-plan représente le nain, fidèle serviteur de la demoiselle ; il porte l'écu de Tristan. L'identité des quatre damoiseaux qui constituent l'escorte est mal définie.
    N° 9 (f. 46r, fin du chapitre VII, illustration du chapitre VIII) : vignette bas de page, cadre surmonté de deux anges tenant un blason. Tristan rencontre l'Ennemy d'enfer. Elle mène par la bride le cheval qu'elle a dérobé à Lancelot, dont elle annonce la prétendue mort. Le cadre choisi est celui d'une rencontre à la fontaine, il n'est pas évoqué dans le texte.
    N° 10 (f. 53r, fin du chapitre VIII, illustration du chapitre IX) : vignette bas de page, cadre surmonté d'un entrelacs de ruban. Tristan, au centre de l'image, est armé d'un cimeterre, il livre combat à Bertrand de la Roche, accompagné par ses chevaliers.
    N° 11 (f. 61r, fin du chapitre IX, illustration du chapitre X) : vignette bas de page, cadre orné sur le haut d'une urne cernée d'arabesques. Tristan et Bertrand délivrent Lancelot (au second plan), condamné à être pendu.
    N° 12 (f. 69v, fin du chapitre X, illustration du chapitre XI) : vignette bas de page, cadre orné sur le haut de petits dauphins. Tristan et Lancelot ont tué le géant, sa femme et leurs deux enfants. Ils gisent morts à terre. Noter que leur proportion est à échelle humaine et n'a rien de gigantesque.
    N° 13 (Note: Les vignettes 13 et 14 sont inversées par rapport aux chapitres qu'elles illustrent.) (f. 77v, fin du chapitre XI, illustration du chapitre XIII) : vignette bas de page, cadre orné sur le haut de deux dauphins fleuris. Un sergent du Nigromant (à droite de l'image) fait à Tristan et Lancelot le récit de l'histoire de son maître.
    N° 14 (f. 82v, fin du chapitre XII, illustration du chapitre XII) : vignette bas de page, cadre orné sur le haut d'un entrelacs de ruban avec écusson au milieu. A droite de l'image, Tristan et Lancelot, armés respectivement d'une épée et d'un cimeterre, combattent au Pas Malfond les sergents du Nigromant. Au premier plan, le jeune Allebran gît mort à terre.
    N° 15 (f. 93v, fin du chapitre XIII, illustration du chapitre XIV) : vignette bas de page, cadre orné sur le haut d'un entrelacs de ruban : une demoiselle de rencontre expose à Tristan, Lancelot et Lyonnel les mauvaises coutumes de Taur le Pondereux.
    N° 16 (f. 99r, début du chapitre XV) : vignette haut de page, cadre surmonté d'une tête d'angelot. Tristan a triomphé de Taur le Pondéreux. Au premier plan, la Fontaine des Batailles, au pied de laquelle gisent morts Taur et son épouse Lucie la Blonde.
    N° 17 (f. 118v, fin du chapitre XV, illustration du chapitre XVI) : vignette bas de page, cadre surmonté d'une urne encadrée de deux petits dauphins et feuilles d'acanthe. Combat de Tristan et de l'Amorat de Sorelois.
    N° 18 (f. 136r, fin du chapitre XVI, illustration du chapitre XVII) : vignette bas de page, cadre non orné. Tristan et Lancelot arrivent à l'abbaye de l'Olivier Vermeil.
    N° 19 (f. 146r, début du chapitre XVIII) : vignette haut de page, cadre surmonté d'une urne ornée d'une guirlande. Tristan et Lancelot parviennent à une fontaine devant laquelle se repose Blioberis accompagné d'une demoiselle.
    N° 20 (f. 157v, fin du chapitre XVIII, début du chapitre XIX) : vignette bas de page, cadre orné d'un bucrane inséré dans une guirlande. Tristan et Lancelot arrivent à l'abbaye de Tintagel.
    N° 21 (f. 166r, début du chapitre XX) : vignette haut de page, cadre surmonté d'une urne et de dauphins. Tristan et Lancelot sont accueillis dans le jardin bien ordonné de Tintagel par Yseut et Brangien. Le jardin est clos, l'huys derriere est entrouvert. L'image valorise Yseut et Tristan par rapport à Brangien et Lancelot (au second plan).
    N° 22 (f. 173r, début du chapitre XXI) : vignette haut de page, cadre non orné. Au premier plan, la recluse (l'Ennemy d'enfer) et le moine agresseur. Tristan et Lancelot se portent à son secours, avant d'affronter les chevaliers d'Arthur (à l'arrière- plan). Ils ne portent pas leurs déguisements de moines.
    N° 23 (f. 182v, fin du chapitre XXI, illustration du chapitre XXII) : vignette bas de page, cadre non orné. Lancelot revient à Camelot, accueilli par les chevaliers d'Arthur.
    N° 24 (f. 185v, début du chapitre XXIII) : vignette haut de page, cadre non orné. Tristan (à gauche) retrouve Governal.
    N° 25 (f. 190r, début du chapitre XXIV) : vignette haut de page, cadre non orné. Tristan se dirige vers Camelot, où il va retrouver Lancelot.
    N° 26 (f. 212v, fin du chapitre XXIV, illustration du chapitre XXV) : vignette bas de page, cadre non orné. Tristan est assis auprès de la Dame accompagnée de sa licorne. Au second plan, la fontaine. A l'arrière-plan est figurée la chasse au chevreuil engagée précédemment par Tristan et un écuyer. L'illustrateur a pris la liberté d'érotiser le tableau : Tristan touche le sein de la Dame.
Reliure: Reliure du XIXᵉ siècle cartonnée.
Sommaire:
  • Ff. 3r-220r Sala (Pierre): Tristan
    • Prologue Texte complet.
      fol. 2v Pour obeyr, Sire, au commandement
      Que vous a pleu me faire, j'ay brefvement
      Dessus mon nes assises mes lunetes
      Pour deschiffrer lectres que n'ay leu nectes
      Du bel Tristan, qu'il vous pleust me bailler,
      Qui m'a souvent de nuyt bien faict bailler,
      Car les lectres estoient effacees
      Et les marges du parchemyn cassees.
      Ce non obstant, j'ay tant faict tret a tret
      Que vous en ay cy ce livre extraict,
      Qui commence comme le bel Tristan
      Estant ung jour en ung grant triste hahan,
      Seullet aux champs, pensant comme Fortune
      Le travaillot, si faisoit il fort une,
      De ce penser vint premiere naiscance
      Que Lancelot eut de luy cognoissance,
      Comment orrez cy aprés racompter
      Quant vous plaira, Sire, de l'escouter.
      Et neanmoings que ce soit escript veyn
      Il vous plaira d'escuser l'escripvain.
      Vostre Salla, tres humble en vostre chambre,
      Qui vous requiert que de luy vous remembre.
    • Texte fol. 3r Que en ce temps, Tristant et la belle reyne Yseut estoient dedans Tintaget, ou ils demenoient leurs amours le plus clairement qu'ilz pouvoient, car le maulvays Andret avoit desja faict au roy Marc des raportz dont Tristan et la reyne se doulloient moult et luy en portoient moult grande hayne en leurs cueurs. Estant ainsi que je vous diz, print ung jour envye a Tristan d'aller ung petit à l'esbat; si commanda que son cheval luy fust apresté, ce qui fut tost (fol. 3v) fait; et il monte dessus sans prendre nulles armes, fors seullement son espee, et s'en yst hors de Tintagel et ne souffre que nul le suyve. Si se print a cheulcher [sic] parmy une moult belle plaine, pensant es parolles de Andret, qui touchoient mout grandement l'honneur de luy et de la royne, dont il disoit en luy mesmes qu'il en prendroit ung jour vengeancefol. 220 Messire Gauvein et Bertrand furent moult joyeulx de celle paix, et encores plus Lancelot qui veoit que son amy vivroit doresenevant en repos ; la Sage Dame et Bohors certes n'en eurent pas moings de joye. Dix jours dura entierement la feste pour ceste venue, ou il eust maintz passetemps. Lancelot, au chef de dix jours, demandda au roi Marc congé et a la royne Yseut et a son bon amy Tristan pour tourner vers le roy Artus, dont moult fort leur despleust a tous, et par exprés a Tristan, mais a souffrir leur convint car nul ne l'en osa desdire. Si se feit Lancelot armer et si feirent tous ses deux compaignons, messire Bohors et Bertrand, et feirent monter la Sage Dame; puys se meisrent en leur chemyn, tirant au royaume de Logres. Et Tristan demoura en Cornoaille. Et a tant d'eulx je me tayray et feray la fin de mes comptes, car au livre ou les ay pris je n'en treuve pas plus avant.
    L. Muir, Pierre Sala. Tristan, roman d'aventures du XVIᵉ siècle… (Textes littéraires français, 80), Genève, Paris, 1958.
Origine du manuscrit: Au fol. 1 (écriture cursive XVIᵉ siècle) : pro conventu Juniaco ex dono domini cardinalis de Tou (?).
Provenance du manuscrit:
  • Le catalogue de vente Sotheby, 25 novembre 1969, identifie ce cardinal à François de Tournon, cardinal de 1535 à 1562. Le couvent cité est peut-être le prieuré bénédictin de Juignac (Charente, arrondissement de Barbezieux, canton de Montmoreau) dépendant de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély.
  • Robert Lang (1750-1828). Vente Evans, 17 novembre 1828, n° 2341 du catalogue.
  • Acquis directement par Sir Thomas Phillipps : n° 3637 de sa collection (étiquette rectangulaire au dos de la reliure). Vente Sotheby, 25 novembre 1969, n° 479 du catalogue.
Acquisition du manuscrit: Acquis directement par Martin Bodmer.
Bibliographie:
  • Bibliotheca Phillippica. Medieval manuscripts. New Series Fifth Part. Catalogue of manuscripts on papyrus, uellum and paper of the 13th century B. C. to the 18th century A. D. from the celebrated collection formed by Sir Thomas Phillipps (1792-1872)… Day of Sale, Tuesday 25 November 1969… which will be sold by auction… by Sotheby and Co…, n° 479, pp. 96-97 et planches 22 et 23.